Cela fait un moment que nous voulions partager ce petit guide afin de vous donner les outils pour reconnaître les différents amélanchiers. Ne serait-ce que les principales espèces présentes en France d’une manière ou d’une autre (sauvage ou pépinière) : différencier les fruits, les feuilles et les fleurs.
Canadensis
Quasiment toujours, quand quelqu’un vient nous voir et nous dit qu’il a un amélanchier, nous répondons du tac au tac : amélanchier canadensis, certainement la cultivar dit « Lamarcki » ou « de Lamarck ». Comme son nom l’indique, c’est une espèce canadienne, introduite en Europe pour ses qualités ornementales. Depuis plus d’une quinzaine d’années cet amélanchier a été assez abondement planté dans les jardins et les espaces verts, et ce pour de nombreuses raisons : magnifique à l’automne, pas trop imposant en termes de port, des petits fruits très esthétiques et comestibles (encore faut-il le savoir !), attire les oiseaux… et des fleurs absolument superbes. En avril, il se couvre de nombreuses grappes de fleurs blanches et délicates alors que le feuillage à peine sorti a des reflets rutilants.
Les fleurs ont cinq longs pétales (à l’instar de tous les autres amélanchiers) comme de petites langues. Les fruits se suspendent au bout de longs pédoncules, et les restes de sépales sont saillants jusqu’à maturité du fruit.
En ce qui concerne le goût, il est délicieux, parfois même meilleur que certains cultivars productifs (alnifolia, voir plus bas). Entre la cerise, la myrtille et la pomme, très finement acidulé, c’est un fruit absolument succulent. De croissance moyenne, non taillé il peut mesurer jusqu’à trois mètres à maturité. Croissance moyenne en un printemps pour les bourgeons à bois de l’année (mais cela dépend aussi beaucoup du site et des conditions d’implantation) : 20cm.
Ovalis
À l’état sauvage en Europe, et même ici aux confins méridionaux de la Bourgogne, nous avons des populations d’amélanchiers ovalis (anciennement amelanchier vulgaris). Assez différent de ses cousins américains, il pousse en des lieux escarpés, à même la roche, parfois suspendu dans les airs. C’est dans ces écosystèmes rocailleux et calcaire (les teppes comme on les appelle ici) qu’il prospère et qu’il donne ses amélanches en très grand nombre. Sépales là aussi bien saillantes, un épiderme plus résistant, une chair verte (et non blanche), un goût de raisin très prononcé, le fruit est magnifique. À la transformation toutefois, le goût de raisin tire vers la figue ou le raisin sec, plus du tout sur la cerise ou le fruit rouge comme pour canadensis ou alnifolia.
De croissance lente, ovalis n’est pas fait pour les pressés du jardin. Croissance moyenne en un printemps pour les bourgeons à bois de l’année : 15cm. Les fleurs sont au niveau d’élégance de canadensis, très généreuses, absolument magnifiques. Les feuilles sont généralement beaucoup plus petites que canadensis et alnifolia, avec qui elles se ressemblent en terme de forme : d’où ovalis, feuille ovale.
Alnifolia
Enfin, voici amélanchier alnifolia, dit à feuille d’aulne en raison de la similitude de la forme des feuilles avec l’aulne. Finement dentelées, elles peuvent mesurer jusqu’à 10cm de large en mi ombre. Jaune dorée à l’automne, elle ne passent pas par le rouge comme canadensis. Les fleurs par contre sont beaucoup plus discrètes que les autres amélanchiers, et très rapprochées les unes des autres. Parfois mêmes les pétales sont quasi inexistants.
Alnifolia est aussi plus vigoureux que les deux autres. Sa croissance est légèrement plus rapide. Croissance moyenne en un printemps pour les bourgeons à bois de l’année : 30 à 45cm. La mise à fruit se déroule généralement dès la troisième année mais reste modeste, puis s’accroît au fur et à mesure des saisons. De manière assez analogue que pour les autres maloïdae, le développement des grappes de fleurs s’accompagne peu après d’un bourgeon à bois qui pousse à sa base. Puis la grappe se dessèche (après avoir été récoltée, on est pas fou !) et laisse entièrement la place à cette nouvelle petite branche qui servira de charpentière pour des bourgeons à fruit l’année suivante. Et le schéma se répète, c’est le mouvement réitératif de la ramification à bien avoir à l’esprit. Les grappes peuvent porter entre 7 et 13 grains selon les cultivars, pour une taille des fruits de 1,2cm de diamètre à 1,8cm. Les conditions du sol et l’irrigation jouent un rôle important sur la taille des fruits. Au niveau du goût il y a de bonnes différences entre les cultivars d’alnifolia : smoky très doux, thiessen finement acidulé, northline équilibré… nous ferons un article là-dessus !
Il y a encore au moins deux autres espèces (plus rares) que l’on peut trouver en pépinière : laevis et grandiflora. Ces deux-là ont des ports beaucoup plus imposant : ils peuvent mesurer 6, 7 ou 8 mètres de haut. Hormis ovalis, tous les amélanchiers préfèrent les pH neutres à acide, mais un bon amendement au départ peut suffire. De la même manière ils apprécient les sols frais et profonds.
Quoi qu’il en soit, il faut retenir qu’il y a des amélanchiers pour tous les goûts et tous les terroirs. Vous voulez attirer les oiseaux et inviter la beauté au jardin ? Canadensisest parfait. Vous voulez peupler une zone sèche, caillouteuse et calcaire avec un arbuste endémique et une multitude de petites drupes au goût de raisin ? Ovalis est fait pour vous. Vous voulez vous lancer dans la production d’amélanche dans le cadre d’un verger, d’une plantation ? Alnifolia est là pour ça… et en plus on peut vous en fournir dans notre pépinière !!!